Nouveau front contre le changement climatique
Le but de ces pays est notamment de trouver une réponse économique aux périls qui les affectent. «Nous lançons un appel à l’humanité pour qu’elle s’unisse. Ensemble, nous nous battons pour un nouvel espoir». Cette apostrophe figure dans le premier communiqué du groupe de pays qui s’est formé le 8 octobre dernier à Lima sous le nom de V20.
Une affaire de droits de l’homme
L’appel concerne la lutte contre les changements climatiques. Il est émis par une vingtaines de pays parmi les plus vulnérables face à cette évolution. Pour eux, la modification du climat est une affaire de droits de l’homme, de survie économique, et parfois de vie ou de mort.
Créé en marge de l’assemblée annuelle de la Banque mondiale et du FMI, le V20 est l’émanation du «Forum sur la vulnérabilité climatique», une plateforme de coopération Sud-Sud fondée en 2009 à la veille de la conférence de Copenhague sur le climat. Il a le soutien des Nations Unies, et notamment du PNUD.
700 millions de gens concernés
Le V20, pour «Vulnerable Twenty», est constitué par les ministres des finances de 20 pays, dont le Bangladesh, les Maldives, Timor-Leste, l’Ethiopie, le Népal ou Costa Rica, qui représentent quelque 700 millions de personnes. Le but premier de ce nouveau groupe est en effet de trouver des moyens pour mettre en place des mesures d’adaptation aux nouvelles conditions: prévention des désastres et coûts de réhabilitation lorsqu’ils ont lieu. Il opère sur une base volontaire.
Déjà plus de 50’000 décès par année
L’adaptation aux changements climatiques coûte cher. Mais ne rien faire coûtera encore plus cher. Selon le V20, les pays vulnérables doivent déjà faire face à plus de 50’000 décès par an directement liés à ce phénomène et à une baisse du revenu intérieur brut potentiel de 2,5% par an. Cette perte pourrait atteindre 400 milliards de dollars en 2030. Le V20 signale par exemple que la vitesse du vent de certains typhons est 10% plus forte que dans les années 1970, ce qui entraîne 30% de destructions supplémentaires.
Au moins 1000 milliards de dollars par an à l’horizon 2030
«L’Observatoire sur la vulnérabilité climatique» créé par le Forum du même nom, notait dans son deuxième rapport (paru en 2012) que celui-ci «et la littérature scientifique établissent qu’aujourd’hui, les coûts d’adaptation sont d’au moins 150 milliards de dollars par an pour les pays en développement, et qu’ils atteindront au moins 1000 milliards de dollars par an à l’horizon 2030. Cependant, ces coûts sont considérablement inférieurs aux coûts estimés dans ce rapport des dommages subis par les pays en développement. Par conséquent, l’adaptation au changement climatique est un investissement rentable dans presque tous les cas, et devrait être au centre de toutes les politiques sur le climat.» Un investissement qui ne peut se concevoir sans une limitation de l’«économie du carbone», selon l’Observatoire.
Reste à trouver les fonds. Le V20 a des idées, au-delà des habituelles ressources auxquelles ses membres font déjà appel, comme les agences des Nations Unies, les banques régionales de développement ou la Banque mondiale. Le secteur privé est invité à œuvrer pour des investissement tenant compte de la protection du climat.
Une taxe sur les transactions financières internationales?
Le V20 compte évidemment avec le Fonds vert sur le climat qui va faire l’objet, en principe, d’un accord en décembre à Paris, lors de la Conférence sur le climat (COP21). Les pays donateurs devraient s’engager à mobiliser 100 milliards de dollars d’ici quatre ans et le V20 demande que la moitié au moins des efforts se porte sur l’adaptation (l’autre moitié étant dévolu à la mitigation, soit à la limitation de la production des gaz à effet de serre).
Il envisage en outre la création d’un fonds souverain commun au V20 pour répartir les risques financiers et économiques entre ses membres et améliorer leur redressement après une catastrophe. Plus audacieux, le groupe se prononce (prudemment toutefois) pour une taxe sur les transactions financières internationales pour alimenter des fonds pour le climat.
Le premier test attendu à Paris
La création de ce nouveau groupe juste avant la Conférence de Paris est évidemment un signal fort des pays les plus vulnérables en direction de la communauté internationale. «Ceci n’est pas un groupe typique des économies dominantes. Au contraire, nous représentons les pays mis en grand danger par les échecs économiques en vue de faire face au changement climatique», a déclaré le vice-ministre des finances du Costa Rica à la création du V20. Et, a ajouté Atiur Rahman, gouverneur de la Banque du Bangladesh, «le monde doit savoir qu’en collaborant, nos pays vulnérables font tout ce qui est en leur pouvoir pour contrôler la crise du climat, et nous n’allons pas nous laisser fléchir avant d’avoir satisfait nos ambitions». La Conférence de Paris, en décembre, sera leur premier test.
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Themenbezogene Interessenbindung der Autorin/des Autors
Aucun
Malheureusement certains pays plus riches semblent encore ignorer leur vulnérabilité, y compris la Turquie, l’Italie, l’Espagne.